Traduction selon Théophile Gautier
Dans un article de Théophile Gautier paru dans Le Moniteur universel du 1er Avril 1854 sur une récente traduction de La Divine Comédie, je relève ceci :
« Autrefois les traducteurs français ne se piquaient guère d’exactitude ; ils supprimaient de leurs auteurs tout ce qui avait un parfum exotique, ils remplaçaient par d’autres les idées ou les images qui leur semblaient étranges, et ne le servaient au public qu’accommodé au goût du jour. Le sens général seul était à peu près conservé ; mais les saveurs de terroir, la couleur locale, les tours particuliers, les originalités de pensée ou de style, la physionomie même du poète disparaissaient ; on est dans ces dernières années revenus à des errements meilleurs : les belles infidèles d’Ablancourt n’auraient pas la moindre chance d’être lues. On veut qu’une traduction soit une copie exacte, une transposition d’idiome à idiome, une sorte de daguerréotype littéraire, représentant le modèle dans ses moindres détails ; à ces jolies paraphrases en français de rhétorique, on préfère, et avec raison, le mot à mot, le dictionnaire entre les lignes ; au besoin, l’on pardonnerait plutôt un peu de barbarie qu’une élégante infidélité. »