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mémoire de liseur
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19 mai 2011

Belle-mère

Le 12 Mars 1889, Jules Renard écrivit ce texte sur l’attitude de sa mère avec sa femme Marinette :

 

--Oui, maman.

--D’abord, je ne suis pas votre mère, et je n’ai pas besoin de vos compliments.

Tantôt elle oubliait de mettre son couvert, tantôt elle lui donnait une fourchette sale, ou bien, encore, en essuyant la table, elle laissait des miettes devant sa bru. Au besoin, elle y amassait en tas celles des autres. Toutes les petites vexations lui étaient bonnes.

On entendait : « Depuis que cette étrangère est ici, rien ne marche. » Et cette étrangère était la femme de son fils. L’affection du beau-père pour sa bru attisait encore la rage de la belle-mère. En passant près d’elle, elle se rétrécissait, collant ses bras à son corps, s’écrasait au mur comme par crainte de se salir. Elle poussait de grands soupirs, déclarant que le malheur ne tue pas, car, sans cela, elle serait morte. Elle allait jusqu’à cracher par dégout.

Parfois elle s’en prenait au ménage tout entier. « Parlez-moi d’Albert et d’Amélie. Voilà des êtres heureux et qui s’entendent. Ce n’est pas comme d’autres qui en ont l’air seulement. »

 

En marge de ce paragraphe, il écrivit plus tard : »C’est cette attitude avec ma femme qui m’a poussé à écrire Poil de carotte. »

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