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mémoire de liseur
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2 juin 2011

Les plaisirs purs de l'imagination ...

Au chapitre XIII du Livre troisième des Essais de Montaigne, je lis ces lignes :

 

« Moi qui me vante d’embrasser si curieusement les commodités de la vie, et si particulièrement, n’y trouve quand j’y regarde ainsi finement, à peu près que du vent. Mais quoi, nous sommes partout vent. Et le vent encore, plus sagement que nous, s’aime à bruire, à s’agiter, et se contente en ses propres offices, sans désirer la stabilité, la solidité, qualités non siennes.

Les plaisirs purs de l’imagination, ainsi que les déplaisirs, disent aucuns, sont les plus grands, comme l’exprimait la balance de Cristolaüs. Ce n’est pas merveille : elle les compose à sa poste et se les taille en plein draps. J’en vois tous les jours des exemples insignes, et à l’aventure désirables. Mais moi, d’une condition mixte, grossier, ne puis mordre si à fait à ce seul objet si simple, que je ne me laisse tout lourdement aller aux plaisirs présents, de la loi humaine et générale, intellectuellement sensibles, sensiblement intellectuels. Les philosophes cyrénaïques tiennent, comme les douleurs, aussi les plaisirs corporels plus puissants, et comme doubles et comme plus justes.

Il en est qui d’une farouche stupidité, comme dit Aristote, en sont dégoûtés. J’en connais qui par ambition le font ; que ne renoncent-ils encore au respirer ? que ne vivent-ils du leur et ne refusent-ils la lumière, de ce qu’elle est gratuite et ne leur coûte ni invention ni vigueur ? Que Mars, ou Pallas, ou Mercure les sustentent, pour voir au lieu de Vénus, de Cérès et de Bacchus : Chercheront-ils pas la quadrature du cercle, juchés sur leurs femmes ! Je hais qu’on nous ordonne d’avoir l’esprit aux nues, pendant que nous avons le corps à table. Je ne veux pas que l’esprit s’y cloue ni qu’il s’y vautre, Mais je veux qu’il s’y applique, qu’il s’y sée, non qu’il s’y couche. Aristippe ne défendait que le corps, comme si nous n’avions pas d’âme ; Zénon n’embrassait que l’âme, comme si nous n’avions pas de corps. Tous deux vicieusement. Pythagore, disent-ils à suivi une philosophie toute en contemplation, Socrate toute en mœurs et en actions ; Platon en a trouvé le tempérament entre les deux. Mais ils le disent tous pour en conter, et le vrai tempérament se trouve en Socrate, et Platon  est bien plus socratique que pythagorique, et lui sied mieux

Quand je danse, je danse ; quand je dors, je dors ; …………  »

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